En lisant Saint-Just et des poussières

9 octobre 2021

En lisant Saint-Just et des poussières, je prends des notes en pensant à RRK, et comment lier la grande Histoire qui emporte tout, mais où se construit l’histoire de Robert Keller et des autres personnages de mon livre, histoires emportées elles aussi, jusqu’à nous, où il y a un lien à tisser sur mon intervention en tant qu’auteur, ma légitimité ici. Ça passe par une recherche sur la forme que j’ai déjà entamée, et que je retrouve avec et sans surprise dans le livre d’Arnaud, des chapitres en italique résolument dans un temps contemporain très à distance de Saint-Just, desquels je rapproche mes chapitres en italique, intermèdes, conversations que l’auteur de RRK a avec ses personnages qui sont mécontents de lui ; Arnaud procède différemment et est de toute façon en constant dialogue, dans tous les chapitres, avec les échos de l’Histoire à venir, dialogue nécessaire entre ce qui est écrit et celui qui écrit, entre le temps regardé et le temps présent. Une remise en question, tout au long de la construction, un sabotage doit s’accomplir qui fait partie du livre et permet de l’achever. J’admire la façon dont, dans le reste du texte, Arnaud relie ces problématiques, Histoire, histoires, politique, écriture et même, le concernant, le théâtre. Des échos à Michon, cette mention de "vies majuscules" enseignées par les Oratoriens, cette façon d’utiliser le "on", qui rappelle la "vulgate" de Rimbaud le fils, et qui ici soulignera ce qu’on ne sait pas, qu’on ne saura jamais, des contours ainsi dessinés avec ce qui est non-documenté et où le livre s’écrit pourtant, et il écrit son propre récit, fil tendu où l’écriture doit tenir et surtout ce qui relève de la Vérité et ne peut donc pas se contenter de la Fiction pour tricher ; il y a cet enjeu, ce dialogue, cette scène permanente qui se joue.